Bon je vais encore casser l’ambiance, mais c’est le jour a priori. L’actu de ce matin a fini de me fracasser la tête.
Si vous vous souvenez, j’ai parlé des meltdown et shutdown dans un article y’a pas longtemps, si vous avez besoin d’un rafraîchissement de mémoire : https://putaindautiste.me/feu-interieur/
Mais que se passe-t-il si on ignore trop, où qu’on récupère pas assez entre 2 dépassements de ligne ?
C’est un concept assez récent, et Julie Dachez l’a abordé sur Linkedin hier : le Burn Out Autistique.
La fiche wikipédia est assez concise, et explique bien le truc : https://fr.wikipedia.org/wiki/Burn-out_autistique
En gros, quand il y a une surcharge longtemps, quand l’autiste ne peut pas couper, il va se battre contre cet état qui monte. Les stratégies de camouflage sont de plus en plus dures à mettre en place, et l’épuisement est exponentiel.
( Si vous voulez en savoir plus sur les stratégies de camouflage, allez donc lire les excellentes fiches de Igor Thiriez : https://igorthiriez.com/portfolio/lautisme-strategies-de-camouflage/ )
Et là c’est le drame. Plus d’énergie, même plus pour faire une crise.
Nous allons prendre comme exemple un cas que je connais bien… ma gueule. Pour résumer ma vie en ce moment : un boulot que j’aime et qui me permet de garder la tête hors de l’eau mais qui est prenant, de gros soucis avec notre fille, TSA aussi, qui est en pleine phobie scolaire et donc beaucoup à la maison.
Ses crises à gérer, le petit frère à protéger aussi, plus bien entendu, tout le quotidien. Ma femme travaille aussi, c’est même elle qui bosse le plus, et elle est épuisée également car elle doit gérer beaucoup de choses aussi.
En gros, ZÉRO place pour la journée au lit, ou sur le canapé à lire ou bouquiner. Je suis sollicité en permanence… sauf le soir, où du coup j’ai du mal à dormir car j’ai envie de me détendre en faisant des choses qui me plaisent.
Ça fait plusieurs mois que je sens l’épuisement arriver. Pour citer ma femme : « tu n’as jamais eu l’air autant autiste » et c’est vrai ! Parfois je suis incapable d’exprimer quoi que ce soit. Je parle, je suis avec les autres, mais mon visage est complètement inexpressif. C’est assez déstabilisant pour les autres, et même moi j’en ai conscience : je deviens incapable de mettre le masque normal attendu dans les interactions. Ou alors je vais avoir une réaction totalement à côté du truc… Sourire quand ça n’est pas le moment, m’énerver pour un truc qui m’aurait fait rigoler la veille… enfin bref, pas golo. Et à ça s’ajoutent des douleurs physiques absolument chiantes : maux de ventre, douleurs dans la poitrine. Ainsi que les habituelles montées d’angoisse qui font zizir copain. Enfin bref, ça fait un moment que la vie est un sport de combat ! Et on n’en voit pas la fin…
Comment faire alors ?
J’en sais foutre rien justement ! Je n’ai même plus la force d’aller chez le kiné pour mon épaule qui est calcifiée alors qu’il est dans le village à côté. Alors aller chez ma psy qui est à 30 bornes… même pas en rêve.
Les toubibs sont gentils, mais comme je ne peux prendre ni bzd ni antidépresseurs, ils me disent juste « reposez-vous ». MAIS ON NE PEUT PAS !!! À moins de congeler les enfants, mais ils ne réagissent pas super bien au micro onde après…
Franchement en ce moment je rêverai que quelqu’un débarque et me dise « allonge-toi, prends un bouquin, on va s’occuper de tout » et de ne plus rien avoir à faire pendant 1 mois. On me propose des arrêts de travail bien sûr… mais mon boulot c’est la seule chose qui me détend. J’ai un boss super, qui me laisse bosser comme je veux, quand je veux, du moment que le taf est fait, et je suis 100% de la maison.
Si j’avais de la thune, j’ouvrirais une maison d’hôte réservée aux autistes, conjoints d’autistes et parents d’enfants autistes. Il y aurait des éducateurs qui prendraient en charge les minots avec des activités adaptées. Il n’y aurait pas de bruit, des endroits confortables et sécures, des repas préparés à la cool… et surtout zéro culpabilisation !!! Car il est là le souci !
Quand on demande de l’aide à nos proches, il y a toujours cette sensation d’être un mauvais parent, ou de ne pas faire assez d’effort. Et c’est assez terrible car au final, le repos n’est pas efficace car on passe son temps à culpabiliser.
Alors on tient, on s’accroche, et on verra bien… J’ai juste peur de péter un câble complétement et de me retrouver à le HP sous cachetons qui me grilleront le cerveau…
Bonjour,
Je suis Aspie et j’ai été très surprise de voir que vous aussi vous ne supportiez pas les antidépresseurs.
Accepteriez vous de m’expliquer pourquoi de votre côté ?
Merci beaucoup
Marie So
Bonjour,
Pardon pour le délai de réponse… j’étais ailleurs.
J’ai tout simplement des effets secondaires importants qui me rendent pire que sans 🙂